Un état des lieux inédit sur les polluants atmosphériques et les odeurs autour des unités de méthanisation en France
Face au développement croissant de la filière méthanisation en France, la question de ses impacts sur l’environnement, notamment sur la qualité de l’air et les nuisances olfactives, suscite un intérêt croissant de la part des citoyens, des collectivités et des exploitants eux-mêmes.
C’est dans ce contexte que le projet AQAMETHA, lauréat 2020 du programme AQACIA de l’ADEME, a été lancé. Coordonné par Atmo France et mené en partenariat avec six associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) et le bureau d’études Osmanthe, ce projet de recherche visait à combler un manque de données publiques à l’échelle nationale concernant l’impact atmosphérique de la méthanisation agricole et territoriale.
Pendant quatre ans, AQAMETHA a étudié 12 unités représentatives de la diversité de la filière française. Deux volets ont structuré le projet :
- une campagne de mesures des polluants atmosphériques (ammoniac et hydrogène sulfuré),
- et une campagne olfactive selon une méthode rigoureuse d’analyse des ambiances odorantes.
Des résultats rassurants mais des marges d’amélioration ciblées
Les campagnes de mesures, menées en 2022 et 2023, montrent que les concentrations d’ammoniac (NH₃) et d’hydrogène sulfuré (H₂S) restent très largement inférieures aux valeurs de référence sanitaires, aussi bien en limite de propriété qu’au niveau des premières habitations voisines.
En parallèle, l’analyse olfactive basée sur la méthode du « langage des Nez® » met en évidence des zones ponctuellement odorantes, principalement situées à proximité immédiate des installations (moins de 230 mètres), avec une atténuation rapide au-delà. Les odeurs les plus marquées sont liées aux phénomènes de fermentation, en particulier au niveau des stockages d’intrants solides (fumier, trémies extérieures).
Les résultats sont également restitués sous forme de datavisualisations interactives afin de faciliter la lecture et l’appropriation par l’ensemble des parties prenantes, professionnels comme citoyens.
Un outil d’aide à la décision pour les exploitants
Le rapport final ne se limite pas à un constat. Il propose également un ensemble de préconisations concrètes pour aider les exploitants à limiter les nuisances : meilleure gestion des stocks, couverture des fosses, entretien des équipements de traitement de l’air, maîtrise des opérations ponctuelles génératrices d’odeurs, et amélioration de la communication avec les riverains.
Pour les citoyens comme pour les élus locaux, la méthodologie développée est présentée en toute transparence, ce qui en permet l’appropriation et de suivre l’impact réel des installations et d’agir en connaissance de cause.
Une avancée collective pour une filière plus transparente et durable
Ce projet inédit en France contribue à renforcer la transparence et l’acceptabilité de la méthanisation, dans un contexte où les enjeux de transition énergétique doivent s’accompagner d’une vigilance constante sur l’environnement et la qualité de vie des riverains.