Pendant presque deux mois, le Covid-19 a obligé la majorité des Néo-Aquitains à rester confinée chez elle. Chaque semaine pendant cette période, les ingénieur.e.s d'Atmo Nouvelle-Aquitaine ont évalué l'impact du confinement sur la qualité de l'air de la région. Une semaine après le début du déconfinement, Perrine Jankowski livre les premières tendances de la qualité de l'air post-confinement. Elle propose aussi plusieurs moyens de favoriser la préservation de la qualité de l'air au moment où la tentation est grande de reprendre sa voiture. |
1 - Est-ce qu'avec le déconfinement, la pollution d'origine automobile a retrouvé ses niveaux d'avant ?
Avec le déconfinement qui a débuté le 11 mai, les déplacements sont désormais autorisés dans un rayon de 100 km autour du domicile. Cela favorise la reprise du trafic routier. Cette reprise d'activité a un impact visible sur la pollution de l'air par le dioxyde d'azote (NO2). Ainsi pendant la semaine du 11 mai, même si elles restent sous les minima de saison, les concentrations en NO2, sont en hausse pour la 2de semaine consécutive à l'échelle de la Nouvelle−Aquitaine.
Evolution des concentrations moyennes hebdomadaires de dioxyde d'azote (NO2) dans l'air de la région près des axes de circulation routière en 2020 (orange) en comparaison des normales de saison sur 2015/2019 (jaune) :
Pendant le confinement, les concentrations en NO2 près des axes de circulation routière étaient analogues aux concentrations habituellement mesurées loin de ces axes. Lors de cette 1e semaine de déconfinement, les concentrations à proximité du trafic automobile sont à nouveau supérieures aux normales de fond.
Profil journalier des concentrations horaires de dioxyde d'azote (NO2) dans l'air
sur toutes les stations de mesure d'Atmo Nouvelle-Aquitaine, sur la période 2014/2019 et pendant :
la dernière semaine de confinement |
la 1e semaine de déconfinement |
Ces normales sont calculées d'après notre historique de mesures. Pour cela, chaque semaine, les normales sont évaluées sur une période correspondant à 4 semaines avant et 4 semaines après la semaine comparée. Par exemple, pour comparer la moyenne hebdomadaire de la semaine du 11 au 17 mai, nos ingénieur.e.s ont utilisé les mesures comprises entre le 13 avril et le 9 juin des années précédentes. Ceci leur permet de s'affranchir au mieux des conditions météorologiques, variables au jour le jour, tout en gardant le caractère saisonnier des normales.
NB : la médiane est la moyenne hebdomadaire située au milieu de notre échantillon historique : la moitié des moyennes hebdomadaires historiques est en dessous et l'autre moitié est au dessus.
2️ - Quels conseils donner aux personnes qui veulent profiter du déconfinement pour se déplacer autrement ?
Selon un sondage réalisé récemment par Opinionway pour AAA Data, 78% des Français estiment qu’il faut réduire les déplacements de manière générale. Les personnes qui veulent laisser leur véhicule à moteur au garage peuvent se tourner vers la marche à pied, le vélo ou la trottinette. Ces modes de déplacement permettent à la fois de garder ses distances avec les autres (et donc de limiter la propagation du Covid-19) et de ne pas consommer de carburant, donc de moins polluer l'air. De plus, ces mobilités actives sont bonnes pour la santé : elles permettent de rester en forme, et contrairement aux idées reçues, les cyclistes et les piétons sont moins exposés à la pollution de l’air que les automobilistes dans leur voiture. Enfin, mon dernier argument est que ces déplacements coûtent moins cher que la voiture.
Le déconfinement peut vraiment être l'occasion de "se remettre en selle". En effet, avec son nouveau plan Coup de Pouce Vélo, le gouvernement vient de prendre deux mesures pour encourager la pratique du vélo :
- jusqu'à 50€ sont pris en charge pour la remise en état d'un vélo ;
- des séances d'accompagnement à l'usage du vélo sont proposées : prise en main, circulation en ville, itinéraire adapté...
Je terminerai par un conseil : en ville, à vélo, il vaut mieux adopter un rythme modéré. Cela évite de surventiler et permet donc de réduire son exposition à la pollution.
Source : ministère de la transition écologique et solidaire (mai 2020)
3️ - Comment les autorités publiques peuvent-elles s'emparer de ce sujet ?
D'après le sondage d'Opinionway, les Français souhaiteraient que la mobilité et ses infrastructures soient repensées pour répondre aux exigences sanitaires. A l'occasion du déconfinement, l'Ademe met en avant l'urbanisme tactique. Il s'agit d'aménager la ville en utilisant des mobiliers temporaires qui peuvent être facilement déplacés ou réutilisés et en s'appuyant sur l'implication des citoyens dans la conception et la réalisation des aménagements. Cela permet aux collectivités de tester rapidement de nouveaux usages : pistes cyclables temporaires, trottoirs élargis, piétonnisation des rues...
Par ailleurs, dans le cadre du plan gouvernemental Coup de Pouce Vélo, une prise en charge de 60% des coûts d'installation de places de stationnement temporaire vélo est proposée pour les gestionnaires de voirie, les pôles d'échanges multimodaux, les établissements d'enseignement, les bailleurs sociaux et les résidences étudiantes.
Tous les chiffres pour la région et chaque département
Les tableaux suivants récapitulent pour la région et ses douze départements, l’évolution des concentrations moyennes hebdomadaires de polluants dans l'air pendant et après le confinement par comparaison aux normales de saison. Quatre polluants représentatifs ont été sélectionnés : dioxyde d'azote (NO2), particules PM2,5 et PM10 et ozone (O3).
Lexique : fond = loin des axes de circulation routière - trafic = près des axes de circulation routière